« Manon », de Jules Massenet, un opéra français

Une nouvelle femme libérée, émancipée qui servira de modèle pour des héroïnes comme Carmen, la Traviata, la Dame aux camélias.

Jules Massenet compositeur français (1842-1912) s’inspire du roman de l’abbé Prévost « l’histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut » qui eut un grand retentissement lors de sa parution en 1761. Pourtant peu ou pas d’adaptation avant la création de Massenet en 1884 à l’Opéra Comique, 150 ans plus tard,ce fut un triomphe immédiat.
La mise en scène spectaculaire que nous donne Vincent Huguet cette saison à Bastille fait évoluer les deux amants dans le cadre des années 30, période un peu similaire au 18ème par la fracture sociale entre conservatisme et désir de liberté.
Pour le bonheur de nos yeux, le metteur en scène crée de splendides décors pour ces fastueuses scènes de salon où l’opéra invite l‘opéra, où l’on danse avec Joséphine Baker ou gavottes et menuets étourdissants, où le jeu est roi. Rires et chants font la part belle au talentueux Chœur de l’Opéra de Paris. Par contraste, les scènes de doute et de désespoir de des Grieux sont froides, grises, sans décor, hormis une grande et haute muraille nue, reflet de leurs tourments et des rêves de Manon qui se sont brisés sur la rigueur de cette société qui l’a portée aux nues.
Au final, reste une impression de légèreté mais aussi de modernité grâce à la forme de cet opéra très proche de l’opéra-comique avec ses personnages tragiques et comiques, l’alternance laissée par l’orchestre entre des dialogues parlés et chantés, des récitatifs et des airs. C’est déjà de la comédie musicale.
Après les incertitudes de programmation dues au Covid et au changement de date, le spectacle de cette somptueuse « Manon » était bien mérité. Le public fût d’ailleurs récompensé par la présence dans le rôle-titre du fameux ténor, Roberto Alagna, à la seule date où il a pu chanter !

Par Héléna Rollet - Opéra

Opéra Bastille, Manon de Jules Massenet © Bienvenue en France HR